Comme tout aliment riche, le chocolat doit être consommé avec modération. Mais on l’a accusé de bien des choses… Qu’en est-il aujourd’hui des connaissances scientifiques sur les bienfaits du chocolat ou ses méfaits ? Nous vous proposons quelques éléments de réponses sur les neuf préjugés suivants.

Le chocolat est une friandise

Vrai et faux. Longtemps, le chocolat a été considéré non comme une friandise, mais comme un médicament. Un empirisme souvent fantaisiste a ainsi attribué au chocolat de nombreuses vertus thérapeutiques, au point d’en faire purement et simplement un remède miracle. Á partir du 17ème siècle, on se mit à concevoir des « chocolats hygiéniques ». Les tenants du chocolat louaient son goût agréable qui permettait de faire oublier le but curatif des remèdes, et qui masquait le goût souvent désagréable des plantes qu’on mêlait au cacao.

Aujourd’hui, la médecine s’intéresse toujours au chocolat. Il contient des principes actifs qui ont été identifiés. Et des médecins le recommandent par exemple aux convalescents, ou bien dans les cas de perte d’appétit. On le conseille aussi en cas de troubles de la gorge. Curieusement, ces vertus thérapeutiques sont absentes des opération de publicité faites en faveur de ce produit que la société de consommation semble vouloir confiner dans un rôle de friandise.

Le chocolat donne de l’énergie

Vrai. Les Aztèques considéraient déjà le chocolat comme roboratif, ils en consommaient avant les combats. Napoléon III clame n’avoir rien consommé d’autre durant la bataille de Solférino, et Napoléon Ier, avant lui, en buvait sur les champs de bataille pour se tenir éveillé.

Le chocolat fait partie de l’ordinaire du soldat. En 1914, le Banania, inventé par un pharmacien, fait partie du ravitaillement des poilus dans les tranchées. Manech, le héros du roman de Sébastien Japrisot, Un long Dimanche fiançailles, porté à l’écran en 2004, réclame ainsi un bol de chocolat chaud avant d’être envoyé à la mort. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, des barres de chocolat furent intégrées à la ration de survie des G.I.’s américains. La recette fit école pendant la guerre du Viêtnam, puis celle du Golfe.

Jusqu’au milieu du 20ème siècle, le chocolat était considéré comme un aliment reconstituant quand on le prenait à jeun, et comme une aide à la digestion quand on le consommait après un repas. Le chocolat est aujourd’hui conseillé pour soutenir un travail intellectuel ou musculaire. Sa consommation est encouragée notamment chez la plupart des grands sportifs. Comment expliquer alors pourquoi, dans la seconde moitié du 20ème siècle, le chocolat s’est vu d’un seul coup diabolisé !

Le chocolat constipe

Vrai… et faux. La fève de cacao non apprêtée a des vertus constipantes indéniables. On a accusé le produit transformé qu’est le chocolat des même méfaits (ou bienfaits, c’est selon…). Dans l’état actuel de nos connaissances scientifiques, nous savons que, comme tout aliments renfermant peu d’eau, et ne laissant pas de résidu, le chocolat est susceptible d’avoir un effet constipant. Mais cet effet ne se vérifie qu’en cas de très forte consommation, et il est aisément équilibré par une grande absorption de légumes verts, de fruits, et de liquides. Consommé de manière normale, le chocolat ne constipe donc pas.

Le chocolat est mauvais pour le cholestérol

Faux : c’est même le contraire ! On croit souvent le chocolat mauvais pour le cholestérol. Il est désormais établi que la teneur moyenne en cholestérol est de 1mg pour 100g de chocolat noir, et 10mg pour 100g de chocolat au lait. Il s’agit là d’un apport en cholestérol insignifiant. De plus, de récentes études tendent à prouver que le chocolat noir, particulièrement riche en cacao, ferait même baisser le taux de cholestérol total, et augmenterait légèrement le taux de « bon cholestérol » ou « HDL cholestérol bénéfique », qui protège les artères contre les dépôts de graisse. Le chocolat noir protègerait également les vaisseaux et serait un aliment bénéfique pour la prévention des maladies cardiovasculaires.

Le chocolat est, globalement, un excellent aliment


Professeur Christian Cabrol, National Géographique (Novembre 2002)

Le professeur Christian Cabrol, cardiologue réputé, témoigne dans un numéro du National Géographique (Novembre 2002) : il existe des contre-indications pour des personnes souffrant de calculs biliaires, urinaires, de goutte et d’insuffisance rénale, mais « le chocolat est, globalement, un excellent aliment ».

Le chocolat donne des crises de foi

Faux. Pour commencer, la « crise de foi » est une maladie imaginaire, purement française, qui désigne par abus de langage une simple indigestion. Les travaux scientifiques récents infirment l’idée que la consommation de chocolat puisse favoriser les indigestions, ou encore abîmer le foi. Tout au plus la consommation d’un chocolat trop gras ralentit-elle la digestion après un repas trop copieux.

Les scientifiques ont de plus observé que même à très fortes doses (50 à 100g par jour), la consommation de chocolat par une personne souffrant de maladies hépatiques n’affectait en rien son état : l’examen biologique ne révèle aucune incidence de la consommation de chocolat sur l’état du foi du patient. Les manifestations telles que urticaire, migraine, acné, maux de ventre relèvent donc simplement d’intolérances alimentaires de type allergique, comme peuvent en provoquer toutes sortes de produits.

Le chocolat fait grossir

Vrai et faux. Une tablette de chocolat noir à 70% de cacao contient en moyenne 9g de protéines, 36g de glucides (dont 30g de sucre), 40g de lipides (sous forme de beurre de cacao), et 14g de fibres. Elle constitue un apport non négligeable en protéines végétales et en fibres, substances nécessaires à notre équilibre alimentaire. Cette tablette apporte également des sels minéraux, des oligo-éléments et des vitamines (potassium, magnésium, phosphore). Le chocolat au lait apporte quant à lui du calcium, mais il est plus pauvre en cacao, l’élément nutritionnel le plus intéressant dans le chocolat.

Donc, si vous avez peur de grossir, votre premier ennemi n’est pas le chocolat ! Certes, 100g de chocolat noir représentent 520 kilocalories, le chocolat n’est donc pas un aliment conseillé au cours d’un régime amaigrissant, mais quelques morceaux de chocolat même tous les jours, en fin de repas, ou une pâtisserie à base de chocolat en dessert, un bonbon, une ganache ne portent pas atteinte à l’équilibre alimentaire d’une personne. Comme tous les autres aliments à notre disposition, ce qui compte, c’est le moment où le chocolat est consommé : il s’agit tout simplement d’éviter le grignotage entre les repas !

Le chocolat est une drogue

Faux.Non, le chocolat n’est pas une drogue. Le propre de la drogue est de créer une forme d’accoutumance appelée « addiction » ; ce n’est pas le cas du chocolat : la consommation de chocolat n’exige pas qu’on augmente régulièrement les doses, le plaisir est toujours le même ; de plus, on peut être privé plusieurs jours de chocolat sans ressentir le sentiment de « manque » caractéristique des addictions.

On a accusé le chocolat d’être une drogue suite à la découverte dans le cacao d’une substance appelée « anandamide », que l’on retrouve aussi dans le cannabis. Mais pour que cette substance provoque un effet de dépendance sur un sujet pesant 60kg, il faudrait que ce sujet consomme 11kg de chocolat par jour… Les gens qui aiment le chocolat et en mangent régulièrement y trouvent tout simplement les substances chimiques dont ils ont besoin, magnésium contre le stress, sucre contre l’anxiété et la fatigue, caféine pour les baisses de tonus, et phényléthylamine (un anti-dépresseur végétal) contre les idées noires. De fait, le chocolat procure une sensation d’euphorie, de bien-être, non seulement en raison de sa composition, mais aussi parce que sa consommation procure du plaisir et active la sécrétion d’endorphines, morphine interne que produit notre organisme.

Le chocolat est un anti-dépresseur

Vrai. Le chocolat a des vertus anti-dépressives pour deux raisons : il contient un anti-dépresseur végétal appelé « phényléthylamine », et sa consommation déclenche la sécrétion d’endorphines, morphine interne que produit notre organisme ; l’endorphine a pour particularité de soulager douleurs et angoisses. La consommation de chocolat est donc recommandée aux personnes souffrant d’angoisses et de dépression. Par un phénomène de compensation, le chocolat devient parfois le remède à des problèmes d’ordre affectif.

Le chocolat est un aphrodisiaque

Sans doute vrai. Arbre des dieux, le cacaoyer était, chez les Indiens de l’Amérique précolombienne, réputé pour apporter fortune et force sexuelle : le chocolat passait apparemment déjà pour capable d’éveiller le désir et de fortifier l’ardeur sexuelle. Un historien de la Conquête espagnole raconte que l’empereur aztèque Moctezume II buvait du chocolat avant de rendre visite aux femmes de son sérail ( voir Les Amants terribles ). Mais il ne faut pas oublier qu’à l’époque, le breuvage concocté à base de cacao contenait aussi… une forte dose de poivre du Mexique !…

En Europe néanmoins, le chocolat acquit rapidement la réputation d’être « l’aliment de Vénus ». Cela ne fut d’ailleurs pas sans entraîner des répercussions morales. Le 18ème siècle accréditera la légende des vertus aphrodisiaques du chocolat.

Qu’en disent aujourd’hui les scientifiques ?

Les vertus euphorisantes du chocolat sont désormais prouvées : il contient des substances chimiques actives, magnésium contre le stress, sucre contre l’anxiété et la fatigue, caféine pour les baisses de tonus, et phényléthylamine (un anti-dépresseur végétal) contre les idées noires. Le chocolat procure une sensation d’euphorie, de bien-être, non seulement en raison de sa composition, mais aussi parce que sa consommation procure du plaisir et active la sécrétion d’endorphines, morphine interne que produit notre organisme.

Mais ce n’est pas tout. On a identifié dans le cacao des substances stimulantes telles que la théobromine, alcaloïde stimulant du système nerveux. Quant à la phényléthylamine, outre le fait qu’il s’agit d’un anti-dépresseur naturel, c’est une substance d’éveil qu’on a identifiée dans le cerveau humain et que les recherches actuelles tendent à lier au sentiment d’être amoureux. Ces éléments pourraient bien justifier le lien qui semble de tout temps avoir été instauré entre chocolat et amour charnel.

Photo : Joanna Kosinska, https://unsplash.com/photos/4dnG4q3kxdg