Le chocolat fait aujourd’hui partie intégrante de la vie d’un grand nombre de sociétés partout dans le monde. C’est la troisième denrée alimentaire mondiale en terme de marché. C’est aussi un aliment incroyablement flexible, qui se prête indéfiniment à toutes sortes de métamorphoses et d’accommodations. Pâte, poudre, liquide, plaquettes, bouchées, mais aussi mélanges épicés, accompagnement de plats salés, et même composé pharmaceutique, le chocolat est partout. Nous vous proposons ici de découvrir l’histoire de cette incroyable denrée.

L’histoire du chocolat débute il y a 2600 ans

Une récente découverte archéologique américaine prouve que les Mayas consommaient déjà du cacao il y a 2600 ans. Chez les autochtones, héritiers des grands empires mayas, on continua pendant des siècles à utiliser le cacao comme boisson, mais aussi comme plante médicinale : les médecins-sorciers l’utilisaient pour lutter par exemple contre la fatigue ou la diarrhée.

Le cacaoyer, un arbre des dieux

Au début, les indigènes ne consommaient que la pulpe acidulée et rafraîchissante de la cabosse, et délaissaient les fèves amères. Nul ne sait qui eut l’idée de faire fermenter ces fèves, de les griller, puis de les écraser pour obtenir une pâte qui, mêlée à des épices, était diluée dans de l’eau et remuée avec un moulinet pour faire mousser le mélange.

Selon une légende maya, le cacaoyer était à l’origine un arbre créé pour les dieux. Le dieu Tezcatlipoca aurait décidé de l’introduire parmi les hommes. Il aurait enseigné à ses disciples la manière de le cultiver et de le préparer…

Le chocolat , une monnaie dans les civilisations précolombiennes

Les amandes de cacao, séchées au soleil, peuvent se conserver très longtemps, et pendant des siècles, les fèves de cacao servirent également de monnaie dans les civilisations précolombiennes : une citrouille valait quatre fève, un lapin dix, un esclave coûtait cent fèves ! Posséder des cacaoyers, être capable de les cultiver, et de récolter les fèves était un excellent moyen de survie : on pouvait par exemple payer ses impôts en fèves de cacao.

Une boisson à la mode dès le 16ème siècle

Lorsque les Espagnols commencèrent à envahir l’Amérique du Sud, ils utilisèrent eux aussi cette étrange monnaie, et ne mirent pas longtemps à comprendre l’extraordinaire valeur que pouvait représenter cette denrée. Au 16ème siècle, ce sont eux qui, les premiers, exportent à destination de l’Espagne des cargaisons de cacao en provenance du Mexique. Les Espagnols mettent au point une boisson très épaisse, inspirée de la préparation aztèque, mais adoucie de sucre de canne.

Cette boisson met du temps à s’imposer en Europe : pendant longtemps, sa technique de fabrication est tenue secrète. Mais à la faveur de mariages princiers, le chocolat conquiert bientôt l’ensemble du continent européen.

L’Angleterre est la première, en 1674, à proposer le chocolat sous une forme non plus liquide, mais solide : il s’agit de petites pastilles à croquer. Et c’est aussi l’Angleterre qui, la première, imaginera de mouler le chocolat en tablettes.

Le chocolat et le développement industriel du 19ème siècle

La suite de l’histoire du chocolat se confond le plus souvent avec le développement industriel. En France, en Belgique, aux Pays-Bas, les industriels rivalisent d’imagination et d’inventivité pour améliorer la fabrication et développer la production du chocolat. En 1825, les Pays-Bas inventent le dégraissage du chocolat, et, en 1825, le cacao pulvérisé soluble. En Suisse naissent bientôt après le chocolat aux noisettes (1830), le chocolat de couverture (1875), ou encore le chocolat fondant (1879). Grâce à la mécanisation qui se développe rapidement au 19ème siècle, la qualité du chocolat est améliorée, et les goûts se standardisent.

Comme dans l’empire Maya de ses origines, en Europe, le chocolat a longtemps été réservé à des élites, mais des marques très populaires, telles que Menier ou Poulain, s’efforcèrent rapidement d’étendre le marché à l’ensemble de la population. L’opinion publique se montrait de plus en plus favorable envers cet aliment. Par exemple Napoléon III, fidèle au goût de son ancêtre, Napoléon Ier, alla jusqu’à proclamer le chocolat « physiquement et moralement salutaire » ; il le défiscalisa même afin de le rendre plus accessibles aux foyers modestes!

Le cacao n’est pas une marchandise de luxe, ce n’est point une gourmandise. Ses propriétés hygiéniques et nutritives sont incontestables et incontestées et parce qu’il est doué d’un arôme et d’une saveur qui flatte le palais, il entre dans les denrées de grande consommation dont je proclame le dégrèvement fiscal. Car il est physiquement et moralement salutaire

Napoléon III, 5 juin 1860

Le chocolat et le marketing à la fin du 20ème siècle

Les premières tentatives publicitaires visaient essentiellement les enfants, mais très rapidement, les industriels s’efforcèrent de séduire aussi un public adulte. Le chocolat provoque des déchaînements d’imagination en matière de marketing, et à la fin du 20ème siècle, le chocolat est probablement le produit alimentaire qui fait le plus parler de lui. Ses couleurs envahissent le domaine de la haute couture et du maquillage, ses arômes inspirent l’industrie de la parfumerie et des cosmétiques, la recherche pharmaceutique explore les ressources de cette denrée et de ses sous-produits.

Le goût pour les produits de qualité au tournant du 21ème siècle

Le phénomène le plus marquant au tournant du 21ème siècle est sans doute le goût de plus en plus prononcé pour des produits de très haute qualité. Et en ce qui concerne l’industrie du chocolat, on remarque un retour au plaisir de l’amertume, un refus de mélanger la cacao avec de trop grandes quantités de sucre, afin de préserver les arômes singuliers de ses différentes variétés. De fait, l’univers des grands chocolats prétend aujourd’hui à une complexité, à un raffinement comparables à ceux des plus grands vins.

Certains vont jusqu’à affirmer que le cacao produit chez ses adeptes une ivresse équivalente à celle que provoque un bon vin : au cours d’un événement « EAT THE PAINT », il n’est pas rare de remarquer que l’odeur enivrante du chocolat fondu et son goût sensuel provoquent chez les convives une griserie légère et chaleureuse qui incite à la décontraction et au rire !

Photo Tina Dawson https://unsplash.com/photos/s7U6Nurk5Xg